Réflexions sur l’évolution constante de la santé et de la sécurité du travail...
Contribution de Larry Masotti, MA,CRSP, Strategic Relationships Advisor, Workplace Safety & Prevention Services
Traditionnellement ou historiquement, les milieux de travail au Canada ont mis surtout l’accent sur les dangers et les risques pour la sécurité. Malheureusement, les problèmes graves ou immédiats ont fait l’objet d’une attention particulière, tandis que les dangers et les risques chroniques ou cumulatifs n’ont reçu qu’une attention minime ou superficielle. Le domaine de la santé était donc effacé ou dominé par l’accent mis sur la sécurité. Il est clair qu’aujourd’hui, en tant que professionnels progressistes en SST, nous ne considérons pas seulement la santé physique, mais nous acceptons aussi d’emblée les principes de la santé psychologique.
De même, notre compréhension grandissante de la santé et de la sécurité du travail englobe non seulement les dangers historiques (comme les chutes de hauteur, les points de pincement, les glissades et chutes, etc.), mais aussi une vision plus large qui intègre le bien-être émotionnel, la santé physique, la santé mentale, l’engagement des employés et la culture organisationnelle. Alors que le traitement des maladies mentales relève du domaine des professionnels de la santé, un professionnel en santé et sécurité du travail comprend l’importance du lien personnel établissant une relation respectueuse où l’écoute est primordiale. Cet ensemble de connaissances renforce le besoin permanent d’apprendre comment apprendre de même que comment désapprendre les notions ou les pratiques inférieures aux normes.
Nous avons également vu la dichotomie ou le contraste entre le présentéisme et l’implication totale du travailleur. Ces deux comparaisons nous conduisent à une meilleure compréhension de l’efficacité du recrutement et le caractère critique de la rétention du personnel. Dans la mesure où de nombreuses disciplines du milieu de travail sont interdépendantes, il apparaît clairement que le domaine des ressources humaines constitue un lien primordial. Les concepts d’intégration, d’orientation, de supervision, de mentorat et d’autres activités durables conduisent à une stratégie fructueuse en matière de recrutement. Ce travail de fond sur la sécurité, la qualité, la production et l’efficacité conduit à la rétention d’un employé engagé.
Étant donné que de nombreux milieux de travail au Canada peuvent compter jusqu’à cinq générations d’employés et diverses populations de travailleurs, le rôle d’un professionnel canadien en santé et sécurité comporte de nombreuses responsabilités et possibilités.
Outre son mandat de se conformer aux lois et aux règlements ainsi qu’au système de gestion, le professionnel en SST est souvent le principal moteur au sein d’une entreprise, quelle que soit sa taille, pour bâtir et soutenir la culture organisationnelle.
En tant que promoteur de la gestion du changement, ce dernier aide à relever les divers défis qui se présentent dans nos marchés respectifs. Qu’il s’agisse d’entreprises à l’échelle locale, nationale ou internationale, la plupart d’entre elles sont confrontées aux forces du marché qui exigent une certaine résilience face au changement. Le changement commence par le personnel au sein d’une organisation, et c’est pourquoi la santé et la sécurité des personnes demeurent un impératif organisationnel.
Étant donné que le professionnel en SST est constamment en train de régler des questions au moyen de la résolution de problèmes, de l’évaluation des risques, de protocoles d’audit, d’observations de sécurité et d’analyses des risques professionnels, il se pourrait que l’apprentissage expérientiel se fasse de façon perpétuelle. La nature de la profession a toujours exigé un fort penchant pour l’apprentissage continu. La constance du changement, associée à l’incertitude de la volatilité économique, à la perturbation de la chaîne d’approvisionnement et aux défis du marché du travail, place le professionnel en SST dans le rôle de liaison indispensable entre tous les niveaux d’employés. Qu’il serve de canal de communication, d’enseignant, de formateur, de mentor ou d’apprenant réciproque, le professionnel en SST est souvent un pôle d’influence.
Bien que l’inclusion, la diversité, l’équité, l’accessibilité et la décolonisation présentent certainement des défis dans les milieux de travail actuels, elles offrent souvent de nombreuses occasions de leadership de la part du professionnel en SST d’aujourd’hui. Qu’il s’agisse d’intégrer les différences culturelles, de naviguer dans des conversations difficiles ou simplement d’apprendre à se connaître et, finalement, donner l’exemple, tous ces éléments font partie du mandat du professionnel en SST.
Même si le concept de télétravail ou d’emploi à domicile existait bien avant la pandémie de COVID-19, il s’est fortement accru dans la plupart des milieux de travail au Canada. Les dangers inhérents du télétravail sont devenus plus prononcés, car beaucoup de gens se sont retrouvés dans cette situation. Quelle que soit la catégorie de danger, les professionnels en SST ont maintenant sensibilisé leurs collègues de l’organisation aux risques ergonomiques, biologiques, physiques, chimiques et psychosociaux. Les réalités des troubles musculosquelettiques, de la protection respiratoire en cas de pandémie, des glissades, des chutes et de l’isolement social sont devenues courantes et mieux comprises par tous les travailleurs.
Étant donné que la pandémie a sensibilisé les gens à la santé et à la sécurité de la société, des lieux de travail et des personnes, le professionnel en SST a maintenant un sens accru de responsabilité pour discuter de la santé et de la sécurité avec la haute direction. Pour ce faire, il doit connaître les enjeux traditionnels relatifs à la santé et la sécurité tout en faisant preuve de compétences financières et en étant conscient de l’importance de la durabilité. Bien que la pandémie ait soulevé l’importance d’une présence locale, les réalités mondiales ne vont probablement pas disparaître. De même, il est important de comprendre les notions de calcul, de mesure et d’analyse en ce qui concerne les indicateurs retardés et les qualités prédictives des indicateurs avancés. La capacité de distiller des mesures quantitatives avec une compréhension des informations qualitatives de type enquête anecdotique est essentielle pour informer et influencer la prise de décision des cadres supérieurs.
Enfin, on nous rappelle que, quels que soient le système, les mesures ou le plan que nous mettons en place, ce sont la discipline, la vigilance et la durabilité qui, ultimement, mènent à la réussite.